dimanche 15 avril 2012

Léchouilles


Allongé sur ce vieux canapé, cachant son corps déjà dénudé par le sombré de sa petite chambre, tout en fixant des yeux la porte entrouverte laissant s'infiltrer la lumière du couloir.
Il guettait avec impatience son entrée fracassante, une entrée qui se voulait théâtrale, le bar était fermé depuis déjà une heure mais il n’était pas encore arrivé.
L’attente le plongea dans des réflexions profondes, il se rémora déjà leur première rencontre…
Rien de plus banal, un corps en manque d’exultation retrouvait un autre…
l’Eco de son cœur qui palpitait dominait le silence tyrannique, au point qu'il essaya de temps en temps de se couper le souffle pour arrêter ces battements qui l’empêche d'écouter les pas raisonnant depuis le hall du dortoir, le verre tomba de sa main et le whisky s'est écoulé sur sa jambe. Alors, perplexe et confus il lâcha le pendentif de son collier et s'est mis à lécher ses gouttelettes
Ces léchouilles rapides, et interrompu lui rappelé encore une autre fois leur première rencontre, la gêne qui s’est installé au début de leur rencontre,  le premier pas hésitant qu’il a du faire pour enfin le provoquer.
Hélas cette ambiance bonne enfant n’avait duré que quelques mois, leur rapprochement suscitait déjà la curiosité des étudiants à la fac, ils avaient même décidé de ne plus habiter la même chambre, et petit à petit les racontars  s’accumulaient au début rien de vraiment méchant on se posait juste la question de ce qui rapprochait ces deux mecs, pourtant fait pour se haïr.
Se haïr?...oui .après tout , chacun d'eux avait son style ,sa bande d'amis et ses intérêts; l'autre avait le look d'un intello avec ses cheveux lisses et dorés et ses lunettes de vue qui laissait à peine voir ses yeux bleus au couleur du débardeur de son uniforme cachant sa silhouette mince, sans oublier les gens cultivés qu'il fréquentaient pour parler de l'astrologie et des expériences scientifiques qu'il faisaient dans les clubs en écoutant des pièces de Mozart et Beethoven , alors que lui était le centre d'intérêt des filles avec son style de rockeur à travers les jackets et les bottes en cuir qu'il collectionnait ses cheveux noirs et frisés cachant un piercing au niveau du sourcil qu'il a fait lors d'une soirée passée dans un bar à jouer sur sa guitare électrique avec son groupe de musique. Cette soirée qui lui rappelait leur premier baiser, sa déclaration d'amour ou plutôt d'envie et  ces désirs acharnés.
Entendant un bruit devant la porte il s’immobilisa tête  entre, ses genoux, ses yeux noirs scintillaient, un sourire béat se dessinait sur ses lèvres laissant apparaitre ses dents blanches éclatantes, une décharge traversait tout son corps faisant palpiter son cœur puis elle  s’engouffrait dans la profondeur de son âme pour se métamorphoser en un soulèvement de sa verge.
Tel un fennec il dressa ses oreilles paraboliques et se concentra sur la petite voix, oui c’est bien la sienne, fredonnant leur chanson d’amour ‘’Electric Blue Eyes’’.
Une ombre s’approcha petit à petit, il devait réagir rapidement se dégager de cette position ridicule et se positionner de façon plus glamour, plus séductrice.
C'est là que un flash-back de leur première rencontre surgissait, c’était avec cette chanson qu'il termina sa performance dans le bar quand il s'est aperçu que pour la première fois on lui a volé la vedette un intello entouré par une meute de rockeurs et vieux routiers cherchant à apaiser leur pulsions les plus puériles, il interrompit repositionna son micro et   l’extirpa du regard rouge sang de ces bêtes féroces il  l’extirpa
Mais ses intentions n’étaient pas aussi louable qu’on pouvait le croire, derrière le bar il se jeta sur lui pour l’embrasser, calmant ainsi ce désir qui naquit dès le premier jour où ils avaient partagé la chambre…
La porte s’est ouverte brutalement et un corps gisait à l’entrée de la chambre, il lui manquait une chaussure, un pantalon déchiré une chemise blanche entaché par des taches rouges s’il ne fredonnait pas encore sa maudite chanson on aurait dit un cadavre.
Croyant que ce n’est qu’une mise en scène, il prenait un verre de whisky, ajouta quatre glaçons et se dirigea vers lui, s’agenouilla et murmura : « Allez, mon zombie boit ça, ça te soulagera… allez lèves toi, je regrette de t’avoir transmis mon talon d’acteur ».
Il le prenait ce corps entre ces bras, son cœur ne battait plus, il le serra  fort, la lumière du hall s’est éteinte, la voix a disparu…. Le rideau est tombé !

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