Allongé sur ce vieux canapé,
cachant son corps déjà dénudé par le sombré de sa petite chambre, tout en
fixant des yeux la porte entrouverte laissant s'infiltrer la lumière du couloir.
Il guettait avec
impatience son entrée fracassante, une entrée qui se voulait théâtrale, le bar
était fermé depuis déjà une heure mais il n’était pas encore arrivé.
L’attente le plongea
dans des réflexions profondes, il se rémora déjà leur première rencontre…
Rien de plus banal,
un corps en manque d’exultation retrouvait un autre…
l’Eco de son cœur qui
palpitait dominait le silence tyrannique, au point qu'il essaya de temps en
temps de se couper le souffle pour arrêter ces battements qui l’empêche
d'écouter les pas raisonnant depuis le hall du dortoir, le verre tomba de sa
main et le whisky s'est écoulé sur sa jambe. Alors, perplexe et confus il lâcha
le pendentif de son collier et s'est mis à lécher ses gouttelettes
Ces léchouilles
rapides, et interrompu lui rappelé encore une autre fois leur première
rencontre, la gêne qui s’est installé au début de leur rencontre, le premier pas hésitant qu’il a du faire pour
enfin le provoquer.
Hélas cette ambiance
bonne enfant n’avait duré que quelques mois, leur rapprochement suscitait déjà
la curiosité des étudiants à la fac, ils avaient même décidé de ne plus habiter
la même chambre, et petit à petit les racontars
s’accumulaient au début rien de vraiment méchant on se posait juste la
question de ce qui rapprochait ces deux mecs, pourtant fait pour se haïr.
Se haïr?...oui .après
tout , chacun d'eux avait son style ,sa bande d'amis et ses intérêts; l'autre
avait le look d'un intello avec ses cheveux lisses et dorés et ses lunettes de
vue qui laissait à peine voir ses yeux bleus au couleur du débardeur de son
uniforme cachant sa silhouette mince, sans oublier les gens cultivés qu'il
fréquentaient pour parler de l'astrologie et des expériences scientifiques
qu'il faisaient dans les clubs en écoutant des pièces de Mozart et Beethoven ,
alors que lui était le centre d'intérêt des filles avec son style de rockeur à
travers les jackets et les bottes en cuir qu'il collectionnait ses cheveux
noirs et frisés cachant un piercing au niveau du sourcil qu'il a fait lors
d'une soirée passée dans un bar à jouer sur sa guitare électrique avec son
groupe de musique. Cette soirée qui lui rappelait leur premier baiser, sa
déclaration d'amour ou plutôt d'envie et
ces désirs acharnés.
Entendant un bruit
devant la porte il s’immobilisa tête entre,
ses genoux, ses yeux noirs scintillaient, un sourire béat se dessinait sur ses
lèvres laissant apparaitre ses dents blanches éclatantes, une décharge
traversait tout son corps faisant palpiter son cœur puis elle s’engouffrait dans la profondeur de son âme
pour se métamorphoser en un soulèvement de sa verge.
Tel un fennec il
dressa ses oreilles paraboliques et se concentra sur la petite voix, oui c’est
bien la sienne, fredonnant leur chanson d’amour ‘’Electric Blue Eyes’’.
Une ombre s’approcha
petit à petit, il devait réagir rapidement se dégager de cette position
ridicule et se positionner de façon plus glamour, plus séductrice.
C'est là que un
flash-back de leur première rencontre surgissait, c’était avec cette chanson
qu'il termina sa performance dans le bar quand il s'est aperçu que pour la
première fois on lui a volé la vedette un intello entouré par une meute de
rockeurs et vieux routiers cherchant à apaiser leur pulsions les plus puériles,
il interrompit repositionna son micro et
l’extirpa du regard rouge sang de ces bêtes féroces il l’extirpa
Mais ses intentions
n’étaient pas aussi louable qu’on pouvait le croire, derrière le bar il se jeta
sur lui pour l’embrasser, calmant ainsi ce désir qui naquit dès le premier jour
où ils avaient partagé la chambre…
La porte s’est
ouverte brutalement et un corps gisait à l’entrée de la chambre, il lui
manquait une chaussure, un pantalon déchiré une chemise blanche entaché par des
taches rouges s’il ne fredonnait pas encore sa maudite chanson on aurait dit un
cadavre.
Croyant que ce n’est
qu’une mise en scène, il prenait un verre de whisky, ajouta quatre glaçons et
se dirigea vers lui, s’agenouilla et murmura : « Allez, mon
zombie boit ça, ça te soulagera… allez lèves toi, je regrette de t’avoir
transmis mon talon d’acteur ».
Il le prenait ce
corps entre ces bras, son cœur ne battait plus, il le serra fort, la lumière du hall s’est éteinte, la
voix a disparu…. Le rideau est tombé !